Bleue est à Harvard, surdouée, brillante, d’une intelligence pleine de fulgurances, l’esprit empli de références incessantes à des livres, romans, essais, traités, films, des bouts de vers ou de dialogues affleurent en permanence dans son cerveau agile.
Une chose, pourtant, un drame affreux dont elle a été le témoin aussi proche qu’involontaire, refuse de s’effacer au profit du présent. Toutes affaires cessantes, elle entreprend donc la narration de l’année de ses seize ans, sa dernière année de Lycée avant d’intégrer Harvard.
Ca ressemble au départ au quotidien de milliers d’autres adolescentes, abstraction faite de quelques détails. Détails ? Un père au charisme aussi foudroyant qu’exigeant, son acceptation au sein du groupe le plus couru du Lycée, une prof au profil atypique qui les chapeaute de près, et la vie qui passe, jusqu’à ce que….
Bien malin celui qui appréhenderait l’épilogue après s’être installé – et avec quel confort – dans la vie sautillante de Bleue van Meer ; on se laisse emporter et couler. On pense être dans un récit d’ado, avec tous les codes américano-sociétaux détournés, mais reconnaissables, on catégorise untel et untel, on se fait notre petite idée, et pan ! C’était pas ça du tout. On panique, on prévient, attention, que ton amour et ta foi ne t’abusent pas, Bleue, mais elle n’entend pas. Et on se flingue tous les ongles dans les toutes dernières pages, pour refermer le roman sonnés et fous amoureux de la plume de Marisha Pessl : vite, un autre !