Le second tome de la Correspondance de Hegel, que nous publions aujourd'hui, et qui comprend les lettres écrites ou reçues par lui de 1813 à 1822, nous montre le philosophe s'élevant jusqu'au faîte de sa renommée et conquérant l'estime des meilleurs esprits de son temps - en particulier celle de Goethe, avec lequel il entretient une correspondance assez active, et qui est heureux de le compter parmi les plus fervents adeptes de sa théorie des couleurs. Cette ascension est d'abord marquée par la nomination de Hegel à la chaire de philosophie de Heidelberg -autrefois refusée par Spinoza- où il enseigne de 1816 à 1818, et où il a l'occasion d'exposer pour la première fois ex cathedra l'ensemble de sa doctrine, résumée dans son Encyclopédie des Sciences philosophiques (1817). En 1818,il est appelé à occuper à Berlin la chaire demeurée vacante depuis la mort de Fichte, et cette nomination marque le couronnement de sa carrière.
Devenu désormais prussien d'esprit et de cœur (comme ses lettres en font foi), il voit dans la monarchie prussienne le régime le plus conforme aux conceptions politiques exposées qu'il a dans ses Fondements de la Philosophie du Droit -(1821). Ce n'est d'ailleurs pas seulement le philosophe, mais aussi l'homme, qui s'exprime encore dans les lettres écrites à cette époque ; celles qu'il adresse par exemple à sa femme en 1822, au cours d'un voyage dans les pays rhénans et aux Pays-Bas, sont d'une lecture assez plaisante et ne manquent pas de pittoresque ni d'humour.
Filosofia