En 1975, alors quil a tout juste dix-huit ans, Jérôme Garcin écrit pour la première fois à un écrivain quil admire, Jacques Chessex. Cest le début dune correspondance passionnée et passionnante, qui durera plus de trente ans, jusquà la mort de Chessex en 2009. Ces lettres sont dabord le lieu, puis le témoin, de la naissance dune amitié. Une amitié littéraire hors du commun, entre un jeune garçon au seuil de son existence, et un homme de vingt ans son aîné, un écrivain reconnu, exigeant, curieux de tous les excès et objet de tous les scandales. Elles sont aussi, ces lettres, le journal de création dun auteur majeur, lantichambre de ses uvres. On y voit passer, en ombres chinoises, les hommes et les femmes qui firent la littérature du second vingtième siècle : des éditeurs - Bernard Privat, Bertil Galland, Jean-Claude Fasquelle -, des journalistes, et des auteurs, comme François Nourissier, Gustave Roud, Francis Ponge ou Yves Berger. On y croise, aussi, année après année, les grands modèles sans cesse convoqués (Flaubert), les inspirateurs obsédants (Jean Paulhan)... Des méditations sur le métier décrire, des émerveillements devant la nature vaudoise, des inquiétudes, des joies, et, surtout, une langue juste, ciselée, dune grande beauté.